Je marche dans la neige devant une cabane et de magnifiques sapins enneigés, dans une ambiance de Noël parfaite. C’est du moins l’impression que l’on a en regardant cette scène filmée avec une caméra numérique. En réalité, le paysage immaculé, la petite maison en bois et chaque flocon de neige apparaissent dans toute leur incroyable authenticité sur un mur lumineux qui m’entoure : un écran géant, composé d’une série de modules à technologie LED, similaire à celle utilisée dans les téléviseurs courants.
Adieu le fond vert
La magie, appelée production virtuelle, qui permet de changer de décor en un clic, passant rapidement d’un paysage urbain à un désert, d’un lieu réel à un lieu imaginaire, se réalise en Studio , qui utilise cette solution pour tourner des films, des spots publicitaires, des clips musicaux et bien plus encore. L’avantage de cette technologie est que le fond vert est remplacé par un écran géant sur lequel on peut non seulement faire apparaître n’importe quelle image, mais surtout, on peut la faire bouger en parfaite harmonie avec le mouvement de la caméra, de sorte que le décor derrière le sujet bouge, créant par rapport à la caméra le même effet de parallaxe qui se produit dans la réalité lorsque nous bougeons la tête et que les objets devant nos yeux bougent différemment : davantage ceux qui sont proches de nous et imperceptiblement ou pas du tout ceux qui sont éloignés ou à l’horizon.
Des arrière-plans en temps réel
Un studio de ce type peut coûter jusqu’à 5 millions d’euros rien qu’en équipement : tout d’abord le mur vidéo de 24 mètres de large et 6 mètres de haut, créé à partir de modules de 50 centimètres et d’une résolution de 2 400 x 9 600 pixels chacun, « qui peuvent toutefois être assemblés entre eux sans aucune limite de taille », comme le précise M. Croce, « à tel point que nous en avons réalisé un de 90 x 5 mètres pour la série Unwanted ».
Viennent ensuite la caméra numérique, les capteurs et le logiciel qui permettent de recréer en temps réel l’arrière-plan en fonction de la position dans l’espace d’où est prise la photo : « Un capteur sur la caméra et plusieurs autres capables de déterminer les paramètres de mise au point, de zoom, etc., permettent de créer en temps réel, image par image, l’arrière-plan. Cela est possible grâce à l’utilisation du même logiciel que celui utilisé pour créer les mondes 3D des jeux vidéo, qui avaient auparavant un style de dessin animé mais qui sont aujourd’hui photoréalistes ».
De cette manière, le méga-écran LED peut être utilisé non seulement pour insérer des personnes dans des décors fantastiques, mais aussi, par exemple, pour créer des arrière-plans crédibles qui apparaissent derrière des décors construits dans le studio même (ou en amenant le mur vidéo à l’extérieur) : on peut ainsi construire le bureau d’une banque pour une publicité, en plaçant derrière les fenêtres le panorama d’une ville, ou créer le décor d’un wagon de train, en utilisant l’écran pour montrer des images en mouvement qui donnent l’illusion de voyager à travers différents paysages.
Moins de dioxyde de carbone
Cela entraîne bien sûr une réduction des émissions de CO2 causées par les déplacements ».
Il y a ensuite un énorme avantage du point de vue de la production car avec la technique du fond vert, les acteurs sur le plateau n’avaient aucune idée de ce qui les entourait et qui serait ajouté par ordinateur une fois le tournage terminé, alors qu’avec la production virtuelle, ils peuvent voir l’environnement dans lequel se déroule chaque scène. De plus, comme les LED sont une source lumineuse qui éclaire les sujets filmés avec les mêmes couleurs que dans la réalité, tous les reflets sur les personnes ou les objets filmés sont crédibles et nécessitent moins de retouches informatiques pour corriger les couleurs en post-production. Sans compter que l’on peut également utiliser pour le tournage une série d’objectifs un peu vintage dont les effets sur l’image sont parfaitement simulés, même en arrière-plan.